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Au coin du feu ...avec Camille, à Zen au Bois


 

Chaque saison, nous retrouvons des membres du réseau, au coin du feu, qui partagent leur aventure… Pour ce numéro, Camille nous raconte la création de Zen au Bois

 

Bonjour, est-ce que tu peux te présenter rapidement ?


Je m’appelle Camille. Je vis à Thilouze (37, près de Tours). J’ai 43 ans.

Après avoir suivi différentes formations en développement durable, droit de l’environnement, etc., il me manquait quelque chose. En 2019, j’ai repris un BPJEPS éducation à l’environnement, qui m’a apporté une nouvelle lecture, une nouvelle posture par l’éducation populaire. J’ai découvert l’éducation nouvelle et ses différents pédagogues et cela m’a ouvert en tant que maman et professionnellement. Or, l’association à laquelle j’appartenais alors proposait des activités sur les énergies renouvelables ou le photovoltaïque à des élèves assis en classe et cela ne me semblait pas avoir beaucoup de sens. Pourquoi ces enfants étaient-ils enfermés pour parler de nature et d’environnement? Au gré d’une rencontre (je te suis tellement reconnaissante Marta !-Que vous pouvez retrouver dans le coin du feu https://www.reseau-pedagogie-nature.org/post/au-coin-du-feu-avec-la-for%C3%AAt-des-sens ), j’ai découvert les formations et le RPPN. Au même moment, j’ai visionné le documentaire “L’autre connexion” de Cécile Faulhaber. Pour mes enfants et pour moi je me suis dit, “voilà, c’est cela qui nous correspond!”. Et je me suis lancée dans la formation…


Merci, quelle est ta météo intérieure en écrivant ces quelques lignes ?


Super chouette! Je regarde dehors d’énormes séquoias et platanes, avec des feuilles qui virevoltent, qui commencent à se charger de pigments orange, rouges…c’est magnifique! Et puis plein de belles perspectives à venir !


Est-ce que comme beaucoup de personnes en France qui rejoignent cette aventure de la PPN, tu as encore le syndrome de l’imposteur ?


OH QUE OUI! Je ne viens pas du tout de ce milieu là. Je n’étais ni dans l’éducation ni dans l’environnement. Je ne suis ni biologiste, ni naturaliste, ni spécialiste des oiseaux, ni même de la psychologie des enfants… rien du tout ! Et j’avais TELLEMENT à apprendre… Après deux ans d’activité et plusieurs formations, de belles rencontres avec plein de gens qui sont riches d’expériences, je doute encore. Je tâtonne et me questionne sur des points d’ordre juridique, sur la prise en charge d’enfants avec des spécificités, des activités, la mise en place d’outils…Mais ce n’est pas grave. C’est même plutôt chouette. J’aime bien me dire que l’on n’a pas de certitudes, qu’on est humble et qu’on avance petit à petit. La richesse du réseau, des rencontres, des copains et des copines fait que l’on progresse beaucoup. Ce syndrome va avec le flow, le rythme et la douceur de ce processus transformateur de l’intérieur. Au début ça m’embêtait. J’avais beaucoup de complexes. Maintenant, j’ai presque envie de l’avoir tout le temps car cela veut dire qu’on est en chemin.



Est-ce que tu pourrais décrire votre projet ?


Accueillir les enfants seuls ou en famille sur des tranches de 2h à 5h, voire toute la journée, mais aussi en bivouac d’une nuitée, des petits camps nature sur trois jours ou une semaine pendant les vacances (du lundi au vendredi, 8h par jour). J’accueille aussi des assistantes maternelles et me déplace à l’extérieur dans des relais petite enfance pour proposer de la PPN aux 0-3ans. On m’a également demandé de faire des petites formations d’une journée d’initiation à la PPN, d’animer des ciné débats autour de documentaires. Donc le projet s’élargit et ça me plait bien.



Pourquoi as-tu rejoint le RPPN ?


J’ai rejoint le réseau pour son incroyable soutien, l’entraide entre porteurs de projets, la possibilités d'avoir des pistes et des réponses à mes questionnements... Et puis on rigole, on se sent soudés. Merci au RPPN!



Si tu étais une partie de la forêt/la nature, laquelle serais tu ?


Les mycorhizes pour se mettre en lien, s’interconnecter, pour qu’il y ait de l’entraide et de la collaboration à fond, de l’intercommunication, de l’échange… et en même temps un petit peu caché, discret, qui joue son rôle comme ça à tâtons, avec humilité car notre posture est encore atypique en France (importance du jeu libre. Et non ! Les enfants ne vont pas être malades parce qu’ils touchent de la boue ou qu’ils sont dehors). J’ai l’impression que l’on on doit encore y aller avec douceur, en subtilité. On ne peut bouleverser des parents dans leurs repères, les enjoindre. Ce serait donneur de leçons et moralisateur. Lorsque l’on est confronté à une situation dans une séance, je préfère y aller avec diplomatie et délicatesse.


Comment est-ce que tu te vois dans 3 ans ?


J’aimerais bien avoir un projet de classe qui viendrait au moins 6 ou 8 fois dans l’année, et accompagner dans la régularité et la récurrence, chères à la PPN, avec des petits groupes classe qui sont peut-être un peu éloignés de la PPN mais qui souhaitent découvrir et auprès de qui on peut semer des graines de bienveillance, de jeu libre, d’écoute de nos émotions, du bien-être que la nature nous apporte.

Mais surtout j’aimerais accueillir des personnes en situation d’isolement, dans les EHPAD ou des personnes âgées qui voient peu de monde, des personnes porteuses de handicaps, des mamans seules qui vivent des choses difficiles, des personnes avec un parcours migratoire. A voir si tout ce petit monde-là pourrait venir en même temps…Mais faire de l’intergénérationnel ça me plaît beaucoup ! Tous ces groupes ont beaucoup à s’apprendre. J’aimerais redonner envie à toutes ces personnes de profiter du petit bois ou écrin de nature près de chez elles. C’est pour l’instant par manque de temps que je ne le fais pas. Je cherche l'articulation entre le temps pro et le temps perso notamment avec nos enfants qui sont en IEF. Il faut prendre soin de soi aussi. Il y a une dissonance entre ce que l’on prône et ce que l’on n’arrive pas forcément à faire régulièrement. On verra dans trois ans si on arrive à trouver notre rythme perso et élargir encore le champ des propositions pro. Je me verrai bien avec mes enfants dans le jardin de l’EHPAD …


Si tu pouvais te parler à toi-même au tout début de cette aventure, que te conseillerais-tu ?


Avancer doucement, ne pas se précipiter, prendre son temps et ne pas se brûler les ailes en voulant faire trop de choses trop vite.

Accepter l’idée que l’on ne peut pas tout savoir dans les 6 à 8 mois qui précèdent le début du projet, que l’on va accueillir des gens qui, peut être, en sauront plus d’un point de vue naturaliste.

Accepter que l’on ne soit pas obligé de tout nommer pour s’émerveiller, se connecter à la nature.

Bien roder son discours sur ce qu'est profondément la PPN. J’ai eu une maman qui m’a demandé de ne plus autoriser son enfant à aller à la rivière parce qu’elle avait peur qu’il soit malade car le bout de ses manches était humide. Je n’ai pas eu l’assertivité de répondre, je n’étais pas assez droite dans ma posture. Aujourd’hui je lui répondrais que je comprends que cela puisse l’embêter mais qu’en PPN, on pense que cela ne va pas rendre un enfant malade et que l’on se change tout de suite après, que c’est le mouvement qui fait que les enfants n’ont pas froid… Je n’étais pas encore assez profondément alignée et en résonnance avec ce qu'est la PPN notamment sur ce point là (on ne retire pas un enfant d’une activité pour cette raison). Maintenant c’est bien acquis dans mon esprit. Je ne dois pas me laisser détourner de ce qu'est fondamentalement la PPN et qui m’est chère.



Tu aimerais passer le relais de cette interview à quelqu’un en particulier pour la prochaine newsletter ?


Je pense à Laëtitia Guignier de Bleues’Bellules ...


 

Merci beaucoup à Camille d'avoir participé à cette rencontre au coin du feu !


 

Si tu souhaites en savoir plus sur d'autres projets en PPN, n'hésites pas à consulter la base de connaissances sur notre forum.


 











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