Après la sortie du documentaire « L’Ecole dans les bois, une révolution verte? », de Anne-Charlotte Rouxel-Oldrà sur Public Sénat le 20 mai 2023, Caroline Cartalas et Marguerite Davault, te propose un petit retour sur cette belle expérience vécue par l’association Ecole Buissonnière au long des quatre saisons de l’année scolaire 2021/22.
Nous revenons ici sur notre expérience à nous, une école qui vient juste d’ouvrir et qui se lance dans l’aventure d’être suivie par une équipe de tournage. Nous avons discuté avec les enfants de l’Ecole Buissonnière, de leur vécu de cette année un peu particulière, pour qu’ils nous fassent part de leurs réflexions et commentaires après leur passage à la télévision.
Par le prisme des 7 points clés de la PPN, retour sur nos ressentis à tous, enfants et équipe enseignante…
1/ Un lieu naturel inspirant
Capucine (TPS au moment du tournage) : J’avais envie de montrer les fleurs…
Mahé (TPS au moment du tournage) : Et moi les crabes, sous les rochers, dans les algues.
Arthur (MS au moment du tournage) : J’aime bien quand on mange les huîtres parce que j’aime ça !
Chris (MS au moment du tournage) : et les gambas ! C’était trop cool… j’aime beaucoup les images dans le marais. Mais tous les enfants étaient accompagnés de leurs parents ce jour-là. Moi, papa et maman n’étaient pas là!
Janelle (TPS au moment du tournage) : On me voit en train de jouer toute seule dans la forêt. Et j’aimais bien (au début Janelle avait pourtant très peur d’y croiser un loup !).
Arthur : Et Aurélien (caméraman) a eu une idée. Il a sorti le drone et a filmé de dessus.
Marguerite (enseignante) : Je connais l’île depuis mon enfance et j’ai suivi Caroline sur les ateliers du mercredis quelques mois avant le lancement de l’école. Et pourtant, partager ces paysages avec des spécialistes de l’image m’a permis de m’émerveiller à nouveau de cette nature que je pensais connaître…
2/ Récurrence et temps long
Capucine : Je voudrais rester comme quand j’étais petite, j’étais toute mignonne! Mais je m’aime quand même bien maintenant aussi. Avec Janelle on était toutes petites. Je me rappelle du moment quand on était dans les buissons avec Chris et Vaekua. Chris a dit qu’il aimait bien disputer mais en vrai il voulait dire « discuter », c’était rigolo! J’aimerai qu’on me voie plus grande dans le film parce que j’ai vraiment grandi depuis ! Et les lieux de l’école (nous nous déplaçons au moins une fois par semaine au petit bois en face l’école et à la plage) ont changé aussi parce qu’on était plus petits !
Mahé : moi je voulais être plus grand dans le film…Mais c’est un bon souvenir.
Arthur : J’ai bien aimé me voir petit. J’étais au top ! Je savais déjà faire pleins de choses. Et maintenant, je sais faire des cœurs.
Janelle : j’aime bien l’automne quand on a fait des batailles de feuilles. Je ne parlais pas au rassemblement quand j’étais petite dans le film. Maintenant je parle !
Marguerite : Cela me donne envie de retenter l’expérience car cela m’a permis d’avoir plus de recul sur ma pratique. Le film me permet de réaliser tout ce que je ferai différemment aujourd’hui, grâce à cette expérience et des modules supplémentaires de formation auprès du RPPN. Le chemin continue !
3/ Participants au cœur des pratiques
Marguerite : c’était très important pour moi que l’équipe respecte chaque enfant dans leur personnalité propre. Très rapidement, nous avons pu constater qu’ils ne cherchaient pas absolument à faire parler ceux qui ne voulaient pas et qu’ils respectaient une certaine distance relative à chaque enfant. Ils ont été très à l’écoute ! Et au montage ils ont cherché à montrer tout le monde.
Janelle : J’avais un peu peur qu’ils ne gardent pas d’images où on me voit !
Capucine : C’était bien ! J’étais heureuse de voir le film !
Chris: Le film est très très très…. Bien. J’aurai aimé me voir plus mais c’était rigolo de me voir grimper dans les arbres. J’aimais beaucoup jouer avec Oliver.
4/ Le processus et pas le résultat
Marguerite : Avant de commencer, Anne Charlotte nous a expliqué sa démarche, basée sur l’observation, « donner à voir », sans jugement. Une véritable immersion guidée par la volonté de ne pas nous gêner et d’obtenir de belles images mais reflétant vraiment la réalité de notre quotidien. C’est ce type d’approche qui m’a intéressé.
5/ Jeu libre
Arthur : On essayait de pas faire de bêtises. Ce n’est pas trop approprié de montrer les bêtises des autres. Je trouve qu’on nous voit beaucoup jouer…
Chris : Oui, on doit rester un petit peu calme. A la fête de la Saint Martin (pas d’images conservées dans le documentaire) on ne voulait pas qu’on nous filme car il fallait qu’on reste calme pour être filmé mais nous on voulait courir. Dans les autres scènes du film c’était un peu pareil. Moi je voulais plus courir mais je ne pouvais pas parce que je voulais être sur le film.
6/ Prise de risque mesurée
Chris : J’ai aimé grimper dans les arbres avec Oliver !
Marguerite : Personnellement, c’était une vraie prise de risque d’accepter ce projet. Elle était mesurée dans le sens où Anne Charlotte était venue avec ses enfants aux ateliers. Elle avait expérimenté, discuté avec Caroline. Elle s’était investie et l’idée du reportage était née d’une envie de partager cette expérience qu’elle avait vécue en tant que maman. J’ai ressenti un engagement de sa part qui m’a donné confiance. Elle nous a rapidement montré des rushs qui nous ont conquis : centrés sur les enfants, à la hauteur de leur regard, la beauté de la nature alentours, etc. ! Le bénéfice pourrait être à la hauteur du risque…
7/ Présence de l’adulte
Marguerite : Le premier jour de tournage, j’étais embêtée par le nombre d’adultes. L’équipe et les enseignantes représentaient un nombre trop important d’adultes par rapport au nombre d’enfants selon moi. Je me suis vite détendue car ils savaient se faire discrets aux bons moments et j’ai observé les réactions des enfants... Eux n’avaient pas l’air gênés plus que ça!
Chris : Je me rappelle de leurs noms: Anne Charlotte, Aurélien et Olivier (opérateur son). C’est Olivier qui a commencé à faire des blagues. Anna Charlotte posait trop de questions. Mais j’ai dit tout ce que je voulais dans le film !
Arthur : Moi, ça ne me dérangeait pas. J’aurai bien voulu dire dans le film que c’est papa qui a fait le portail de l’Ecole Buissonnière ! J’étais content que papa parle dans le film. J’aimais bien quand on faisait des jeux avec eux (l’équipe de tournage). J’aimais bien quand je jouais avec Chris et Oliver. On courait et ils nous couraient derrière pour nous filmer mais ils ne courraient pas aussi vite que nous ! Ils étaient gentils.
Capucine: C’était bien, ils étaient gentils! Mais ça m’aurait quand même embêtée qu’ils viennent tous les jours. Caroline, t’étais toute belle avec ta couronne dans les cheveux!!
Janelle : Olivier nous chatouillait avec le doudou (la bonnette de protection du micro qui ressemblait à une peluche pour les enfants !) . Je me rappelle quand ils sont venus avec nous sur la plage! Elles sont cools les maîtresses...
Caroline:
J’ai connu Anne Charlotte lors d’une sortie dans les bois avec ses enfants et au début elle ne m’a pas parlé de ce projet. Un soir elle m’appelle et elle me demande si cela me tentait qu’elle nous suive sur la première année de fonctionnement de l’école. Ses souhaits étaient très clairs: filmer à hauteur des enfants, suivre les saisons et voir grandir les enfants. J’étais bien sûr conquise du projet. On commence à voir des documentaires sur les écoles dans les bois ou les Forest School, mais pas sous ce format. Ce qui m’a vraiment séduit dans ce projet était le fait qu’elle nous suive sur toute une année scolaire. Je trouve que dans le documentaire, on voit bien le changement des saisons et en tant que spectateur on s’attache aux enfants avec leur caractère bien à eux! Il ne restait plus qu’à convaincre Marguerite mais elle m’a fait confiance et aujourd’hui nous ne regrettons pas cette belle expérience qui a mis un beau coup de projecteur sur notre association et la PPN !
Caroline et Marguerite
Documentaire à voir ou revoir en replay :
Pour suivre l'association L' Ecole Buissonnière :
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