Premier pas ...
- Drine100v
- 23 avr.
- 4 min de lecture
Camille nous partage ici ses premiers pas dans la création de sa forest school.

Après avoir découvert avec une joie non dissimulée la PPN en 2019, je me suis formée et j’ai cherché une forêt. Ce processus a mis deux ans. Avec mon conjoint nous cherchions à quitter Nantes et vivre en écolieu. Nous avons trouvé un habitat collectif en Touraine (et ce n’est pas un hasard, la rencontre s’est produite lors de notre réunion annuelle de la PPN à Jambville). En août 2021, j’ai donc aménagé un morceau des 8 ha de forêt de la Davière à Thilouze.
Précédemment, j’ai observé et visité la forêt, réfléchi, fait des plans, envisagé différentes options. Où positionner la cuisine de la patouille ? La mare à boue ? La zone de motricité …. Et le cercle ? D’où vient le vent ? Le soleil ? Quid de la rivière ? En hiver ? Inondable ou pas ? Impact du piétinement ? Dangerosité de certains arbres ? Toutes ces questions vues en formation prennent vie in situ.
Avant les portes ouvertes le 5 septembre, j’y ai passé des heures de travail mais quelle excitation !!!
La zone d’accueil est définie. Qui va grimper là-haut pour accrocher le parachute. D’ailleurs, je l’achète où ? Quelle taille ? Il faut quel matos ? Ouah, ça devient technique. L’élagueur pour faire tomber les branches dangereuses est-il dispo ? Quelle éthique de travail a t-il ?
Je me forme à l’utilisation de la tronçonneuse pour faire mes rondins de cercle. Je place le triangle de feu. Je prépare les pieux pour caler les rondins. J’installe la cuisine où seront préparés repas et goûters….Etc
Couper les coins des palettes qui serviront de tables d’activités, creuser la mare à boue, accrocher des troncs pour former une zone de motricité, sécuriser l’accès à la rivière...autant de choses à faire sur la liste que je coche jour après jour.
Je choisis un tuto pour construire les toilettes sèches (TS). Quid du lieu de compostage ? Loin de la rivière bien sûr, avec ou sans dalle ? Avec ou sans couvercle ? J’ai des planches de récup, mais je dois acheter la majorité du matériel. Environ 160 €. Scie sauteuse ou circulaire, perceuse, visseuse, pré-trous, découpe, je me trompe, je refais. Le résultat n’est pas à la hauteur de ce que j’aurais souhaité mais pour une première fois !
Au final, si c’était à refaire.... (et c’est à refaire puisque je cherche désormais une forêt en Bretagne au sud de Rennes et je vais devoir tout remonter), je ne referai pas tout pareil! Erreurs de débutante.
N’étant pas sur les réseaux et ayant 2 mains gauches sur les outils informatiques, je me suis lancée dans la com’ vieille école : j’ai imprimé en juin 1000 petits papiers format carte postale (bonjour l’impact, mais j’ai choisi du papier recyclé) et je suis allée les distribuer à la sortie des écoles, des cours de sport le mercredi, spectacles d’enfants etc...J’ai également demandé aux commerçants de coller des affiches (environ 50). Je n’étais pas de la région, je n’avais aucun réseau, je ne connaissais personne donc il a fallu tout recommencé fin août/début septembre. Je suis aussi allée au forum des associations. Au final, pour un premier atelier le 2 octobre, les groupes étaient à 70 % remplis. La seconde année, je suis passée à FB et j’ai bien senti la différence, il faut bien avouer. Pour celles et ceux qui seraient installé.e.s sur un territoire connu, peut-être que le bouche à oreille fonctionnera bien sans avoir à passer par un Gafam:)

Dans la série à éviter donc :
- vouloir être trop écolo et minimiser son impact en mettant de la corde en sisal qui se dégrade ( et est accessoirement moins chère). Mieux vaut attacher directement avec de la paracorde d’un diamètre adapté à l’utilisation sur les éléments qui ont besoin de tenir bon au moins 2 ans.
- acheter un parachute plus petit que le cercle (en cas de pluie les rondins sont sous l’eau!!). Idéalement 9 ou 11 m de diamètre
- faire en sorte de pouvoir le descendre et le ranger facilement afin d’éviter une usure prématurée
- mettre en place le parachute sans le centrer avec le cercle:)
- acheter sur le bon coin des petites tables basses d’intérieur avec des carreaux pour la cuisine de la patouille : gel / dégel…. Tout se fendille et se casse. A renouveler tous les ans. Option palette préférable.
A faire :
- un petit coin pour se déshabiller suite à une glissade dans l’eau à l’abri des regards pour préserver l’intimité et s’abriter du froid éventuel
- des entailles dans les troncs de la zone de motricité
- le renouvellement des cordes régulièrement et le desserrage/resserrage de tous les cordages pour permettre à la sève de circuler (Cf impact environnement)
… la liste est longue. J’ai repris mes notes de formation pour mon prochain site eh eh eh .
Conclusion : cette première expérience m’a beaucoup appris et me servira lors de la réinstallation. Ce que je retiens c’est l’impérieuse nécessité de bien connaître son site, son orientation, le soleil à chaque saison, le vent et la pluie d’où ils viennent, les éventuels animaux qui passent et vivent là, les nuisances liées à l’agriculture et la chasse (rien de plus gênant que des chasseurs fusils chargés de l’autre côté de la rivière ou qu’un tracteur qui épand des produits phytosanitaires à quelques encablures de notre lieu d’atelier pendant « Chauve-Souris Papillon »). D’où l’importance de prendre son temps, de faire l’inventaire faune-flore, de passer quelques nuits en forêt, d’y faire de nombreux sit spot, de s’immerger dans le lieu, de s’y confondre, de s’y ancrer, de ne faire plus qu’un.e.

Je retiens enfin, de cette merveilleuse expérience, que c’est une grosse prépa, mais que bien pensée, ça s’organise assez facilement. Ne pas négliger le temps que cela prend. A plusieurs c’est plus drôle. Je l’ai fait seule. C’est mieux d’être entourée.
Pensez aux différentes zones : coin calme, bricolage, cuisine etc. en fonction du niveau sonore que génère chaque activité, de son exposition au soleil, du nombre de participant.e.s qu’il peut y avoir etc. autant d’éléments qu’il est important de prendre en considération.
Alors bon montage de projet à celles et ceux qui se lancent. C’est une fantastique aventure. Viva la PPN !
Camille Peverelli
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